Incipit de nouvelle réaliste
Elle observait les gens dans la rue étroite aller et passer, espérant enfin apercevoir Bérénice qui lui avait donné rendez-vous il y a deux heures pour qu’elles aient le temps de prendre le bus en ville. Elle observa en détail les taxis qui ne se différenciaient des voitures privées que par la petite lumière verte ou rouge sur leur toit, en fonction des sièges à disposition. Attentivement elle essayait de reconnaitre un des chapeaux que son amie portait tous les jours parce qu’elle considérait le chapeau comme « l’accessoire le plus utile de la femme » : il permet de dissimuler des oreilles trop grandes trop petites trop rondes ou trop carrées, des cheveux pas lavés parce qu’on n’avait pas le temps ce matin, dissimuler quelqu’un pendant sa marche de la honte (ce qui pour elle était l’argument le plus éloquent) et finalement donnait un air mystérieux. En vain. Un léger sourire parcourut ses lèvres rosé-grises à la pensée de retrouver sa meilleure amie qui lui manquait énormément, comme tous les étés. Les deux filles étaient amies depuis 8 ans mais elles avaient l’impression de se connaitre depuis toujours. Elles avaient été là quand l’autre en avait besoin et étaient prêtes à tout pour leur meilleure amie. Elles pensaient, rêvaient, même mangeaient la même chose et agissaient de la même manière, répondaient à des questions en même temps avec la même réponse au mot près, ce qui, même parfois aux filles qui ne pouvaient pas vivre l’une sans l’autre, faisait un peu peur. Fleur ne se faisait pas de soucis ; ce n’était