Incipit de l'ingénu
INTRODUCTION
L’auteur le plus célèbre de contes philosophiques, Voltaire, invite le lecteur à prendre conscience de l’imperfection humaine et de l’omniprésence du mal sur la terre en utilisant plusieurs procédés dont notamment l’humour, l’ironie et le registre satirique. Il fait de même dans ses deux plus célèbres contes Candide et L’Ingénu. Dans cet extrait de L’Ingénu écrit en 1767, qui n’est autre que l’incipit, Voltaire met en place les deux critères importants de son ouvrage : la fiction et la dimension satirique. Mais en quoi cet incipit relève-t-il d’un conte philosophique et comment sont mises en place ces deux facettes du livre ? Dans un premier temps, nous montrerons les deux « côtés » de cette situation initiale, puis nous verrons toute l’étendue de la dimension satirique.
Un incipit à deux coups (citation de Starobinski)
A) Un incipit double
Cet incipit est un incipit double. En effet, l’auteur y mêle le registre merveilleux et le registre réaliste. Dans un premier temps, Voltaire utilise des formulations merveilleuses pour montrer le côté typique du conte : « un jour » qui marque l’intemporalité liée au genre du conte ou encore la personnification de la montagne : « elle lui fit de profondes révérences ». On voit clairement que ce dernier exemple appartient au registre merveilleux puisque le lecteur accepte des faits surnaturels. Voltaire utilise cette personnification afin d’utiliser son arme favorite, l’ironie, qui repose ici sur une image de la naïveté religieuse, en l’occurrence chrétienne. On sent déjà dans cette partie que l’auteur nous prépare à la moquerie et c’est aussi dans ce but qu’il utilise le registre réaliste. Il est vrai que celui-ci crée un décalage avec le merveilleux. Les lieux et les dates sont précis : « le 15 juillet 1689 » ce qui permet un ancrage historique très précis ainsi que