Incipit la condition humaine
L'incipit
I Un début « in medias res »
Cette page de Malraux est restée dans l’histoire de la littérature française comme l’un des incipit les plus marquants, parce qu’il plonge d’emblée le lecteur dans une atmosphère violente et inquiétante. 1) Une scène de meurtre
Le moment de la nuit : Minuit et demi, envisagée du point de vue de l’assassin (focalisation interne), qui s’est introduit dans la chambre où dort sa victime. On ne connait que les perceptions de Tchen et l’expression elle-même relève parfois du style indirect libre, ou du discours narrativisé. On envisage donc l’action du point de vue d’un assassin décidé à tuer un homme sans défense, sans que l’on sache pourquoi ce meurtre (vocabulaire éloquent : «frapperait-il ? », « Combattre, combattre… », « cet homme devait mourir » « il le tuerait », « il devait frapper », « assassiner », « tuer », « rasoir ». L’atmosphère générale appuie cette violence : importance des contrastes: Luminosité : blanc et du noir : « tas de mousseline blanche », « seule lumière », « rectangle d’électricité pâle », « tache molle de la mousseline et du rectangle de lumière » (à l’inverse : « ombre », « cette nuit », « cette nuit », « la nuit »). La répétition des mêmes expressions accentue l’inquiétude. De même, opposition entre le bruit et le silence : « quatre ou cinq klaxons grincèrent », « la vague de vacarme retomba », « le silence qui continuait à l’entourer » : représentation concrète de ce silence même. 2) Une scène de cinéma ou de roman noir L’atmosphère générale évoque le roman ou le film noir, et la narration elle-même utilise des procédés cinématographiques. Par exemple le gros plan qu’elle suggère sur le pied de la victime, d’abord en l’évoquant à de multiples reprises : « ce pied à demi-incliné par le sommeil » (noter l’emploi du démonstratif), « au dessous du pied », « ce pied », ensuite en le présentant en pleine lumière, avec le jeu de contraste des barreaux de la fenêtre, « comme pour