L’Etranger, Camus, 1942

1. L’incipit : « Aujourd’hui maman est morte […] pour n’avoir plus à parler. »

INTRODUCTION :
Dès la phrase seuil (première phrase du roman) de l’incipit, le lecteur est confronté à l’étrangeté du texte, il s’agit en effet d’un incipit déroutant qui dérange le lecteur plutôt qu’il ne le guide ou le sécurise comme c’est le cas pour des romans traditionnels. Le texte s’écarte des conventions narratives d’usage et affiche sa singularité dans son mode d’énonciation, comme dans la présentation du personnage romanesque qui est aussi narrateur. La question du sens est déjà posée. La confrontation à l’absurde déjà abordée.

1- Statut du texte :
a) Est-ce un roman ?

• Jusqu’à nos jours, le genre romanesque a été codifié.
• Les premières règles narratives sont : raconter une histoire avec le système – temps passé dont le temps de référence du récit est le passé simple. Or ici on constate que le système-temps est celui du présent : « Aujourd’hui maman est morte. ». ‘Aujourd’hui’ et ‘ est morte’ ainsi que ‘je ne sais pas’ et ‘je prendrais’ (futur) ancrent le système-temps présent  système du discours.
• Toutefois on trouve aussi du système-temps passé conforme au récit : ‘ je n’avais pas à m’excuser’ (imparfait)  système du récit.
• ↔ Enonciation mixte (que l’on trouve généralement dans l’autobiographie), néanmoins L’Etranger n’est pas un roman autobiographique car la mère de Camus est morte après lui.

b) Est-ce un roman autobiographique ?

• Non, car la mère de Camus est morte après son fils.
• Certains indices nous rapprochent de l’autobiographie : ‘Alger’, ‘je’, réalité des faits convoqués par le narrateur (‘Marengo à 80km d’Alger’.)
• Algérie encore une colonie française.

c) Est-ce un journal intime ?

• Il expliquerait le système-temps présent, les déictiques temporels comme ‘Aujourd’hui’