intertextualite
Intertextualité (extraits)
KRISTEVA Julia, 1969, Sèméiôtikè – Recherches pour une sémanalyse, Paris, Seuil (coll.
« Points Essais).
[pp.84-85] L'établissement du statut spécifique du mot dans les différents genres (ou textes) comme signifiant des différents modes d'intellection (littéraires) place l'analyse poétique au point névralgique des « sciences humaines» aujourd'hui : au croisement du langage (pratique réelle de la pensée) et de l'espace (volume dans lequel la signification s'articule par une jonction de différences). Étudier le statut du mot, cela signifie étudier les articulations de ce mot (comme complexe sémique) avec les autres mots de la phrase, et retrouver les mêmes fonctions (relations) au niveau des articulations de séquences plus grandes. Face à cette conception spatiale du fonctionnement poétique du langage, il est nécessaire de définir d'abord les trois dimensions de l'espace textuel dans lequel vont se réaliser les différentes opérations des ensembles sémiques et des séquences poétiques. Ces trois dimensions sont: le sujet de l'écriture, le destinataire et les textes extérieurs (trois éléments en dialogue). Le statut du mot se définit alors a) horizontalement: le mot dans le texte appartient à la fois au sujet de l'écriture et au destinataire, et b) verticalement: le mot dans le texte est orienté vers le corpus littéraire antérieur ou synchronique.
Mais dans l'univers discursif du livre, le destinataire est inclus uniquement en tant que discours lui-même. Il fusionne donc avec cet autre discours (cet autre livre) par rapport auquel l'écrivain écrit son propre texte; de sorte que l'axe horizontal (sujet-destinataire) coïncide pour dévoiler un fait majeur: le mot (le texte) est un croisement de mots (de textes) où on lit au moins un autre mot (texte). Chez Bakhtine d'ailleurs, ces deux axes, qu'il appelle respectivement dialogue et ambivalence, ne sont pas clairement distingués. Mais ce manque de rigueur est plutôt une découverte que Bakhtine