Interview de mariama ba
28.02.2010
INTERVIEW DE MARIAMA BA
Qui êtes-vous, Mariama Bâ? •
Je suis une sénégalaise. Mon père fut le premier ministre de la santé de la Loi-Cadre. Je suis orpheline de mère. J'ai été élevée par ma grand-mère. Mais grâce à mon père et à la vision juste qu'il avait eu de l'avenir, j'ai été à l'école, malgré mes grands-parents qui étaient des traditionalistes. Ma maison familiale est située à l'ancienne route des Abattoirs municipaux de Dakar qui porte actuellement le nom d'un conseiller municipal, Armand Angrand. Elle fait face au service d'hygène. Ce bâtiment montre par sa structure l'aisance de mes grands-parents. Mon grand-père est un lébou de Dakar. Dans notre concession familiale, il y a une grande mosquée en dur où s'assemble une foule à chaque heure de prière. Normalement, j'aurais dû grandir dans ce milieu familial, sans connaître l'école, avec l'éducation traditionnelle qui comprend l'initiation à des rites. Je devais savoir faire la cuisine, la vaisselle, piler le mil, transformer la farine en couscous. Je devais savoir laver le linge, repasser les grands-boubous et chuter le moment venu, avec ou sans mon consentement dans une autre famille, chez un mari.
• • Mais vous avez été tout de même à l'école. Quelle formation avez-vous reçue?
• J'ai fait les classes primaires à l'actuelle école Berthe Maubert anciennement dénommée Ecole des Filles. En ce temps-là, après le certificat d'études primaires élémentaires, on faisait une classe préparatoire pour les grands examens. Le choix n'était pas vraiment large. Les bonnes élèves étaient orientées vers le concours de l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. Les élèves les plus âgées allaient à l'Ecole des Sages-Femmes. Les autres apprenaient la dactylographie pour être des secrétaires, par une formation accélérée. Je n'ai pas choisi d'aller à l'Ecole Normale des jeunes filles de Rufisque. J'avais choisi d'être secrétaire. J'avais à cette époque 14 ans. L'importance du choix d'un métier ne