Intro Shutter Island
C’est surtout à partir de cette imbrication psychologique que Scorsese, inspiré par le roman originaire de Dennis Lehane, commence de tisser sa toile entremêlant avec savoir-faire folie, vérité et rédemption. Car à n’en pas douter, Shutter island, plus qu’une énième oeuvre sur la théorie du complot, est un film sur le secret, le temps de latence. Entre rétention et déformation continue, Teddy Daniels n’est en effet pas aussi clair que l’on pourrait croire et il aura bien besoin, malgré son mal de mer (sic) qui ouvre le film, de toute l’eau qui l’entoure pour purifier son âme des horreurs que sa mémoire-rétine a enregistrées. Débute un redoutable échange alors, sous les yeux du spectateur pris au piège de la pseudo-objectivité de la caméra, entre l’oeil malade de Daniels et l’oeil scrutateur du cinéaste (shutter désigne au sens propre l’obturateur, ce qui permet la projection des images...
C’est sur la sinistre île-forteresse de Shutter Island, ce centre de détention psychiatrique isolé au large de Boston où les déments ne cessent de « se faire des films », que la grande révélation aura lieu, soulignée par la musique grave de Gustav Mahler.