Introduction critique de la raison pure
On doit commencer par distinguer les jugements analytiques des jugements synthétiques. Un jugement analytique est une proposition dans laquelle on lie deux concepts (par exemple « x est la cause de y », ou bien : « x a la qualité y », etc.) mais simplement en analysant (c’est-à-dire en explicitant) un des deux concepts. Par exemple si je considère le jugement : « les célibataires ne sont pas mariés », je lie deux concepts (« célibataire » et « pas marié ») mais le prédicat « pas marié » est déjà contenu dans le sujet de la phrase « célibataire ». Le jugement « les célibataires ne sont pas mariés » n’est donc pas une connaissance au sens étroit du terme : il ne nous apprend rien sur le monde, il s'agit juste d'un jugement analytique (le prédicat est déjà contenu dans le sujet, et la proposition « les célibataires ne sont pas mariés » n'a, de ce fait, que rendu explicite ce qui était implicite).
Il existe un deuxième type de jugements : ce sont les jugements synthétiques. À la différence des jugements analytiques qui sont nécessairement a priori (en ce qu'aucun recours à l'expérience n'est nécessaire pour les formuler, une explicitation de l'implicite est la seule chose qu'ils formulent), les jugements synthétiques lient ensemble deux concepts qui ne sont pas évidemment liés. Ce sont pour Kant les seuls jugements qui sont, à proprement parler, producteurs de connaissance. Ils peuvent, eux, être ou bien a posteriori ou bien a priori. Autrement dit : ou bien les jugements synthétiques exigent, pour pouvoir