Introduction "l'homme peut-il vivre pleinement sans désirer ?
« L'homme peut-il vivre pleinement sans désirer ? »
Il n'y a pas de conscience sans désir. L'homme est un être de désir dans la mesure où son premier rapport au monde est de nature sensible : nous sentons et nous éprouvons avant de penser et de connaître. C'est pourquoi nous recherchons ce qui engendre du plaisir et fuyons ce qui peut nous apparaître comme une source de souffrance ou de douleur. Le désir est donc pour nous une manière de nous rapporter au monde en anticipant le plaisir que nous éprouverons à rejoindre un objet : c'est bien par le désir que nous valorisons notre existence et que nous lui donnons un sens. Si la vie peut être pleinement vécue, cela ne peut être dans l'intensité du désir que le sujet investit. (Thèse 1) Cependant, la satisfaction nécessairement attachée au désir ne manque pas d’ambiguïté, nous anticipons un plaisir qui naîtrait de la rencontre avec un objet dont nous nous représentons l'existence comme l'épreuve d'une satisfaction qui comblerait notre conscience. N'est-ce pas confier à l'avenir la perspective d'un plaisir que le présent semble incapable de nous faire éprouver ? La plénitude de la vie ne supposerait-elle pas précisément que nous la vivions d'abord sans attendre de l'avenir une promesse de bonheur sans cesse différée ? Nous sommes en effet désireux de vivre pleinement mais encore s'agit-il de savoir ce que nous entendons par là. Sans doute faut-il le concevoir comme le fait d'une conscience à laquelle rien ne manque, qui se suffit à elle même en se satisfaisant de ce qui est et de ce qu'elle est. (Transition) Cette perceptive nous amène à définir la conscience heureuse où le sujet n'éprouve aucun manque, s'accepte dans sa finitude et dans sa condition en choisissant de vivre au présent pour renoncer aux regrets du passé et aux espoirs de l'avenir qui lui apparaissent comme autant d’illusions ; c'est ce que nous définissons communément par le bonheur. Une telle attitude caractérise les