Invention Utopie Dystopie
plus qu’à l’habitude. Car le soleil avait atteint le zénith tardivement et qu’il m’aidait habituellement
à m’éveiller. Sur la route, il m’arrivait de penser que ma vie ne me convenait pas dans ce désert
appelé Shurima. Et que je rêvais d’un lieu où d’autres personnes iraient avec moi à Homère, cet
immense bâtiment dont on voyait se dessiner la silhouette à des milles, il défiait les lois
même de l’architecture, tant par sa difformité que par sa grandeur. Mais sa façade biscornue
n’était qu’un masque. En effet, en franchissant chaque après-midi ses lourdes portes de bois
abimées par le sable transporté par les vents depuis d’imposantes dunes, je redécouvrais la
splendeur de ce lieu incroyable. Le seuil laissait apparaître des chutes d’eaux artificielles d’un bleu
céleste entre des murs symétriques. Une certaine fraicheur venait toujours raviver mon confort par
une brise qui circulait continuellement à travers les salles. Ces dernières étaient sublimes par leur
espace presque infinie et celles qui offraient une vue sur l’extérieur avaient une extraordinaire baie
vitrée. De là, je contemplais les astres et planètes avoisinant ce désert. Ces sphères, autant vertes
que bleues, ne laissaient pas indifférent le paysage que je côtoyais jours et nuits. Plusieurs
millénaires suffirent pour qu’elles se rapprochent de Shurima. La source lumineuse de mon
système, que je surnommais affectueusement Héméra, semblait elle-même vouloir parvenir à ce
royaume de paix et de silence.
Pourtant, le vent et le sable résonnaient comme une douce musique à mes oreilles, et toutes
les notes étaient libres. Elles ne semblaient pas provenir d’une source matérielle.
Chaque jour, je reposais mon corps dans des douches dignes d’une famille impériale. Mais
jamais je n’ai croisé quiconque arpenter les terres malheureuses du Shurima. Du moins, c’est ce que
je pensais