Ionesco, Rhinocéros
Quelles sont les fonctions de la métaphore du rhinocéros dans la pièce ?
Dénoncer la bêtise humaine qui génère le fanatisme
→ Le conformisme borné de Jean. Ce personnage ne cesse de débiter des lieux communs sur différents sujets. Dans l’acte d’exposition, il est d’abord question de l’apparence physique que devrait avoir un homme respectable. Constatant l’aspect débraillé de son ami Bérenger, Jean se livre à une énumération de tous les éléments inacceptables de sa mise :
[…]
Jean. Et votre cravate, où est-elle ? Vous l’avez perdue dans vos ébats !
Bérenger, mettant la main à son cou. Tiens, c’est vrai, qu’est-ce que j’ai bien pu en faire ?
Jean, sortant une cravate de la poche de son veston. Tenez mettez celle-ci.
[…]
Jean, pendant que Bérenger noue sa cravate au petit bonheur. Vous êtes tout décoiffé. (Bérenger passe les doigts dans ses cheveux). Tenez, voici un peigne.
[…]
Jean à Bérenger qui veut lui rendre la cravate. Gardez la cravate, j’en ai en réserve.
[…]
Jean, continuant d’inspecter Bérenger. Vos vêtements sont tout chiffonnés, c’est lamentable, votre chemise est d’une saleté repoussante, vos souliers… (Bérenger essaie de cacher ses pieds sous la table.) Vos souliers ne sont pas cirés… Quel désordre !... Vos épaules…
[…]
Jean. C’est lamentable, lamentable ! j’ai honte d’être votre ami.
[…]
Cette série de reproches sévères montre que Jean se préoccupe davantage du « qu’en dira-t-on » que de l’authenticité de ses relations amicales avec Bérenger. Il craint d’être mal jugé par ceux qui pourraient le voir en compagnie d’un homme aussi négligé. Il est particulièrement soucieux du respect des normes sociales. Dans la suite de la scène, il donne des conseils à Bérenger sur sa façon de vivre. Il multiplie alors l’emploi de « Il faut », de tournures à valeur d’obligation d’impératifs et de vérités générales montrant sa soumission absolue aux codes sociaux de son époque.
Son conformisme apparaît également dans sa réaction scandalisée lors de