jacqes le fataliste
Si on lit Jacques le fataliste et son maître selon les lois traditionnelles du récit et de la construction romanesque, on aura du mal à trouver une cohérence dans cet ouvrage de Diderot. L’histoire de Jacques et son maître se déroule en dialogue. Il y a cinq narrateurs principaux qui racontent les histoires du roman : le narrateur qui dialogue avec son lecteur, Jacques qui dialogue avec son maître, son maître qui dialogue avec Jacques, l’aubergiste du Grand Cerf qui dialogue avec son auditoire, et M. le marquis des Arcis. Tout au long de l’oeuvre, le lecteur remarquera des variations de ton et de forme. Cette technique des variations se démontre aussi dans des variations sur un même thème, celui de l’amour, car presque toutes les histoires du roman sont plus ou moins en rapport avec ce thème. « Et puis lecteur, toujours des contes d’amour ; un, deux, trois, quatre contes d’amour que je vous ai faits ; trois ou quatre autres contes d’amour vous reviennent encore : ce sont beaucoup de contes d’amour » (Diderot p.204). Autrement, on trouve une technique de la polyphonie due au fait d’entremêler les histoires du roman par d’innombrables interruptions. Ainsi Diderot nous offre un ouvrage « vrai » au sens qu’il reflète l’art de la conversation menée par des personnages au caractère universel comme Jacques et son maître.
Avec la technique des variations et de la polyphonie, l’art de la conversation chez Diderot se révèle à la fois beau et complexe. Dès le début du roman, le lecteur se trouve provoqué :
« Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comments’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain.Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où on va ? »
Ainsi le lecteur est plongé dans le dialogue diderotien sans savoir où cela va l’entraîner. Justement, on passe par toutes les folies et les humeurs de l’auteur. À