Jacques le fataliste
-Comme le Neveu de Rameau, le roman Jacques le fataliste est composé en plus de dix ans et accorde dans le récit une grande importance au dialogue entre les deux personnages.
-Dès la première page (incipit), on perçoit l’originalité de l’œuvre, on y découvre un double dialogue, l’un entre le narrateur et le lecteur, l’autre entre Jacques et son Maître, construits presque symétriquement et qui suscite une réflexion sur l’écriture romanesque. -Nous suivons Jacques et son Maître dans leur voyage et leurs conversations soulevant sans cesse des questions morales, sociales, philosophiques, en particulier l’interrogation centrale, que suggère le titre sur la liberté et la fatalité.
-Dès le début, Diderot remet en cause les procédés du roman traditionnel, bouscule nos habitudes, nous amène à nous interroger sur les conventions romanesques et sur la liberté du créateur, tout comme l’ensemble de la page pose la question de la liberté humaine face au déterminisme.
I UNE ENTREE EN MATIERE ORIGINALE
1)Une attente déçue
Les premières pages d’un roman comportent en général toutes les indications que le lecteur attend. Ici accumulation de questions «comment s’appelaient-ils ? » « Comment s’étaient-ils rencontrés ? »…, ms le narrateur refuse de répondre (nom, personnages, portraits, lieux, temps…). Diderot se moque de nous et même nous nargue : « Que vous importe ? ». Montre la toute puissance de l’auteur. Le maître n’aura jamais de nom (désigné par son statut), le serviteur n’aura qu’un prénom à connotation paysanne (Jacques le Fataliste : étrange car connotation psycho.).
Diderot refuse de nous informer davantage et nous amène à nous interroger sur la nature de l’illusion romanesque. Il nous prive de tous les repères dans un récit déjà entamé. Le «ils» de la première phrase n’a pas de référent, il faut attendre la troisième ligne pour apprendre qu’il s’agit du Maître et de Jacques. Le dialogue comme au théâtre a déjà commencé sans nous