La chronique de Jacques Lovichi
"Hasta la victoria siempre!"
Jacobo Machover, le préfacier de cette très intéressante éditions des écrits du Che, est né à La Havane en 1954, soit deux ans avant que le Granna –ayant quitté le Mexique- débarque ses quatre-vingt deux passagers qui allaient investir la Sierra Maestra sous les ordres de Castro pour renverser le dictateur Batista et changer la face du "crocodile vert". Quatre ans avant la bataille décisive de Santa Clara remportée par le Che et qui déterminera la fuite de Batista. En 63, soit à neuf ans, Machover prendra le chemin d'un exil français où, maître de conférence à l'univesité d'Avignon, enseignant à l'école supérieure de gestion, il est aussi traducteur, écrivain, journaliste. Ces précisions ne sont pas inutiles pour expliquer le parti-pris de son introduction qui ne "démystifie" pas le Che comme le dit la quatrième de couverture, mais tente, avec une certaine objectivité, de la "démythifier". Contrairement à ce qui se passe dans le domaine littéraire –avec Rimbaud par exemple- ce qui importe le plus, dans le domaine politico-historique, ce n'est pas tant la réalité des faits que la légende qui les positive.
A ce propos, il est faux, comme l'affirme Machover, d'écrire que "le Che n'était pas encore un mythe" et ne le deviendrait "qu'après sa mort et, surtout, après que Fidel castro se sera chargé d'en donner l'image d'un combattant révolutionnaire internationaliste et d'en faire un idéal pour les jeunes générations". Je suis né en 1937 et je peux affirmer que dès son discours de Punta del Este (août 61) le Che était déjà, à tort ou à raison, pour certains d'entre nous un héros de légende. Il avait encore six ans à vivre! La revue Partisans (spécialement en ses numéros 37 et 38), le publication en 64 par Maspero de "La guerre de guerilla" (parue en 60 à La Havane), la lecture régulière de la version française digest du quotidien gouvernemental Gramma (il ne pouvait guère y en avoir d'autres à l'époque),