Je veux peindre la france
Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques, I, Misères, v.97-130.
Le XVIème siècle, bien qu'il ait été un siècle de grandes créations artistiques et culturelles, a été traversé par les guerres de religions, opposants catholiques et protestants dans des luttes ensanglantées. Certains écrivains prirent position dans ces conflits comme Ronsard qui plaida pour la cause catholique et Agrippa d'Aubigné pour la cause des Huguenots. La colère de ce dernier ce manifeste dans le vaste poème épic et satirique qui s'intitule Les Tragiques et qui contient plus de dix milliers de vers.
I ) Une peinture en mouvement de la violence. 1)Le caractère picturale de la peinture.
A travers l'allégorie de la France signifiée au vers 1, cet extrait poétique fonctionne surtout selon le procédé de l'hypotypose (= description en mouvement d'une scène qui va frappée le lecteur et lui donné l'impression de voir la scène au moment où elle est exprimée.) On passe du vers 1 et 2 au plan général de la scène, le regard se déplace au vers 3 sur le premier enfant (Esaü), la démarche est presque cinématographique. Puis le regard se déplace vers le deuxième enfant (Jacob) au vers 11, la peinture est donc mise en place et le plan mettant en scène les deux enfants intervient aux vers 17 et 18. La peinture s'anime, s'emporte, les personnages se livrent bataille et le tableau d'origine, déjà teinté de sauvagerie, se transforme en un massacre humain. Aussi, les couleurs explosent à travers leur champ lexical qu'on perçoit dans «sang», «lait», «se rallume», «peindre», «sanglante».
2)Un tableau animé.
Les nombreux verbes d'action dans l'extrait poétique montrent des êtres en mouvements «se défend», «se crève», «viole» et le présent descriptif côtoit le présent de narration montre un récit poétique, une activité qui prime même si elle fait corps au dessein scripturaire. Enfin, les nouveaux enjambements dans le texte qu'il s'agisse de celui au vers 20 ou celui au vers 26