Jean piaget
Mme de Merteuil et Mme de Tourvel sont les deux personnages les plus célèbres de Laclos. Tout les oppose : « la céleste prude » est une vraie dévote, alors que la marquise passe pour telle tout en menant une vie libertine. La première est mariée, la seconde veuve et libre. L’écrivain et le cinéaste ont-ils représenté de la même manière ces deux figures ? Quelle signification leur accordent-ils ?
I Laclos et Frears présentent Mme de Tourvel et Mme de Merteuil par des moyens différents : les portraits par lettres et les images.
Mme de Merteuil n’est pas décrite dans le roman. Mais sa première lettre (2) présente d’elle un portrait indirect par son style maîtrisé, drôle, ironique et dominateur quand elle écrit à Valmont pour lui demander de l’aider à se venger de Gercourt. Elle apparaît comme une femme de tête, « rouée » maîtresse d’elle-même. Mme de Volanges complète ce portrait lettre 32 en précisant dans une phrase à double sens pour le lecteur : « Madame de Merteuil, en effet très estimable, n'a peut-être d'autre défaut que trop de confiance en ses forces; c'est un guide adroit qui se plaît à conduire un char entre les rochers et les précipices, et que le succès seul justifie ». Dans la seconde partie, la lettre 81 vient compléter ce portrait : pour expliquer à Valmont qu’elle a tous les atouts pour séduire et perdre Prévan, Merteuil lui raconte son éducation, lui montre comment elle a en autodidacte, acquis la maîtrise parfaite de sa raison. C’est une femme jeune (environ 25 ans).
Mme de Tourvel fait l’objet de plusieurs portraits élogieux par Valmont, l’un dans la lettre IV, il évoque « sa dévotion, son amour conjugal, ses principes austères », dans la lettre VI, sa « gaieté naïve et franche ». On sait peu de choses sur son physique, mais elle est légèrement plus jeune que Merteuil. Celle-ci la connaît et oppose à l’éloge de Valmont une description critique : « des