Joachim du bellay défense et illustration de la langue française
Imitant les meilleurs auteurs grecs, se transformant en eux, les dévorant ; et, après les avoir bien digérés, les convertissant en sang et nourriture : se proposant, chacun selon son naturel et l'argument qu'il voulait élire, le meilleur auteur, dont ils observaient diligemment toutes les plus rares et exquises vertus
CHAPITRE VIII : D'amplifier la langue française par l'imitation des anciens auteurs grecs et romains
Mais entende celui qui voudra imiter, que ce n'est chose facile de bien suivre les vertus d'un bon auteur, et quasi comme se transformer en lui
Livre II
CHAPITRE III : Que le naturel n'est suffisant à celui qui en poésie veut faire oeuvre digne de l'immortalité qu'il sonde diligemment son naturel, et se compose à l'imitation de celui dont il se sentira approcher de plus près, autrement son imitation ressemblerait à celle du singe
CHAPITRE IV : Quels genres de poèmes doit élire le poète français
Distille, avec un style coulant et non scabreux, ces pitoyables élégies, à l'exemple d'un Ovide, d'un Tibulle et d'un Properce, y entremêlant quelquefois de ces fables anciennes, non petit ornement de poésie. Chante- moi ces odes, inconnues encore de la Muse française, d'un luth bien accordé au son de la lyre grecque et romaine, et qu'il n'y ait vers où n'apparaisse quelque vestige de rare et antique érudition. Et quant à ce, te fourniront de matière les louanges des dieux et des hommes vertueux, le discours fatal des choses mondaines, la sollicitude des jeunes hommes, comme l'amour, les vins libres, et toute bonne chère. Sur toutes choses, prends garde que ce genre de poème soit éloigné du vulgaire, enrichi et illustré de mots propres et épithètes non oiseuses, orné de graves sentences, et varié de toutes manières de couleurs et ornements poétiques
Autant te dis-je des satires, que les Français, je ne sais comment, ont appelées coq-à-l'âne, en lesquels je te conseille aussi