Joseph Grand : Petit employé de mairie, c'est un raté, qui n'a réussi ni dans sa carrière ni dans sa vie sentimentale. Il a de la peine à trouver les termes capables d'exprimer exactement ce qu'il veut dire : d'où sa volonté d'apprendre le latin pour approfondir le sens des mots, et d'écrire un roman qui lui vaudrait d'être salué chapeau bas, mais dont il s'épuise, sans jamais pouvoir aller au-delà, à mettre sur pied la première phrase. En même temps, c'est un homme qui a de bons sentiments et qui ne craint pas de les manifester, il est exemplaire. Il le prouve bien au cours de l'épidémie, où il est un des rares à conserver un certain équilibre de vie : il exerce son humble métier, mais il l'éclaire par sa chimérique ambition d'écrire; et, quand se créent des équipes sanitaires, il participe bénévolement à leur action, en tenant des livres, en faisant des statistiques, à raison de deux heures par jour. Son dévouement lui vaut de contracter la peste. Mais, curieusement, il est un des premiers rescapés, comme si l'auteur voulait le récompenser de sa bonne volonté.
Cottard : Homme moyen lui aussi, il est comme le symétrique de Grand, mais dans l'ordre du mal. On ne connaît pas bien les raisons pour lesquelles, au début du roman, il est recherché par la police et tente de se pendre. Ce qui est sûr, c'est que la peste, en détournant de lui l'attention de la justice et en lui fournissant l'occasion de faire du marché noir, de s'enrichir, arrange ses affaires. Ainsi souhaitetil voir le malheur général s'amplifier et durer. La fin du fléau signifie pour lui la fin de son trafic et la reprise des poursuites dont il a déjà été l'objet. Il est battu, traqué, assiégé, mis à mort. L'auteur n'a pas beaucoup de pitié pour lui, car son malheur est mérité.
Rambert : Décidé à refuser l'injustice et les concessions, c’est un journaliste, il n'est pas seulement un homme de plume, il a un passé de militant, il a combattu, pendant la guerre d'Espagne, comme républicain. C'est cette