Joseph joffo un sac de billes cruauté secours absurdité
Le roman souligne la cruauté que Joffo avait subie, tantôt la cruauté de la société, tantôt la cruauté de la guerre, et parfois même la cruauté de sa vie, de cette existence qui l’a tordu depuis son jeune âge et lui a écrasé la face. Les discriminations incultes, injustifiées et philistines envers les juifs avaient brulé les uns en réchauffant les autres, comme le feu torture ou conforte. C’est ça la guerre, une chasse, traque, embusque, verbeuse, menteuse, trompeuse, cauteleuse dont les boucs émissaires étaient des enfants qui ne connaissent rien à la vie, des enfants dont la simple pensée des billes pourrait préoccuper l’esprit borné, ou plutôt innocent. Fuir, échapper, s’arrêter, mentir, survivre, une rafle, un refuge… des mots qu’on rencontre à plusieurs reprises dans le texte. Serait-ce un signe de suspens et d’aventure pour rendre le livre motivant ? Peu probable, puisqu’il s’agit d’une autobiographie basée plutôt sur la réalité que sur la fiction. C’est plutôt un signe de cruauté, le tronc d’un arbre appelé la guerre et le sort jeté sur la vie de l’auteur. Lorsque Joffo nous a montré tout ce que sa vie peut exiger de cruauté, de cautèle, on est fixé, bien placé pour comprendre toutes les cyniques mufleries que contient une vie, une guerre, et une existence, plutôt amères, rigoureuses, draconiennes. « Ce que je comprends le moins, c’est la violence de ce soldat. Sa mitraillette braquée, ses bourrades, ses yeux surtout, j’ai eu l’impression que le rêve de sa vie aurait été de m’enfoncer dans le mur et je me pose la question : pourquoi ? Je suis donc son ennemi ? On ne s’est jamais vus, je ne lui ai rien fait et il veut me tuer. » (p153-154)