Ju Chirurgie Est
La beauté est aujourd’hui une valeur et la laideur un stigmate, chacun souffre de ne pas être à la hauteur. Le marché de la beauté profite grandement de l’artificialisation du corps et la démultiplication des prothèses dû à cette obsession. Mais cela soulève des questions éthiques; est-ce que ce nouveau chemin de croix menace l’idée même de la beauté physique? Comme le montre Elisabeth Azoulay, sociologue coordinatrice: «l’homme de demain sera une sorte d’hyper narcisse qui pourra pousser les pratiques de beauté jusqu’au relooking extrême».
La problématique de la chirurgie esthétique n’est pas celle de la chirurgie réparatrice. Personne n’est à l’abri d’un accident, d’un cancer, et si l’on voit son image corporelle sérieusement endommagé, alors il n’est plus question d’un désir mais d’un réel besoin d’intervention. Dans le cas de la chirurgie esthétique, l’opération a pour but d’adapter le corps à un idéal de beauté qui lui est extérieur. Dans le cas de la chirurgie réparatrice, cet idéal n’est plus extérieur mais intérieur, l’enjeu est de coïncider de nouveau avec soi-même pas du tout d’entrer dans le moule.
Nous vivons dans une société qui se focalise sur le paraître, lequel est codifié par de nombreuses règles. Nous sommes incroyablement normatif en terme de d’apparence physique. Il y a un impératif de minceur, de jeunesse, une injonction à dissimuler les stigmates du temps ou de la fatigue, qui s’exercent sur chacun d’entre nous. Prendre soin de son corps, pour son contemporain, cela signifie être capable de prendre sa vie en main, de s’améliorer soi-même : c’est un gage de bonne moralité. Le conformisme et les valeurs dominantes vont plutôt dans le sens de la chirurgie esthétique et que, dans certain cas, accepter son corps ou son visage tel qu’il est, ne pas chercher à retrancher sa graisse en excès par liposuccion, ni à effacer ses rides, représente