KOdak
Produits dépassés, cadres déboussolés, actionnaires en pleine crise de nerfs. Le grand virage numérique décrété par le patron du géant de la photo suffira-t-il à sauver Kodak ?
Herbert Denton ne peut plus voir Kodak en photo. Avec son fonds Providence Capital, il est de ces actionnaires qui épluchent les stratégies et les bilans des entreprises dans lesquelles ils investissent, réclament de la valeur et cognent sans merci quand les résultats déclinent. Disney avait subi ses foudres l'an dernier. Cette fois, c'est Eastman-Kodak qui est dans sa ligne de mire. Le 25 septembre dernier, Dan Carp, le PDG du groupe, croyait pourtant avoir écarté toute menace en annonçant un plan stratégique qui devait remettre le géant de la photo sur la voie de la croissance : 5 à 6 % l'an, avait-il assuré. Et 3 milliards de dollars d'investissements sur trois ans pour propulser Kodak dans l'univers numérique, bien loin de la pellicule de film, base historique du groupe de Rochester. Un voyage sans retour, après des années de résistance, de tergiversations et de faux départs. Mais, en conclusion de son exposé, Carp, le colosse au visage poupin, annonçait une réduction de 72 % du dividende... Alors, ce 22 octobre, Herbert Denton laisse éclater sa colère sur la chaîne d'informations CNBC : « Les investisseurs ont trop souffert avec cette entreprise, lâche-t-il en direct. En sept ans, ils ont perdu 80 % de leur placement. » Or le patron de Providence Capital n'est pas un chasseur solitaire. Au moment où il prend la parole, près du tiers des actionnaires de Kodak sont derrière lui. Dan Carp doit composer. Désormais, chaque semaine, il reçoit Denton et ses alliés au siège de Rochester, dans le nord de l'Etat de New York, à l'occasion de déplacements tous frais payés par le fabricant. Placé sous haute surveillance, Carp rend compte méthodiquement de la situation du groupe.
Quatre ans après sa nomination,