Les cinq autres parieurs, le cœur défaillant, bientôt saisis d’effroi et de remords, attendaient dans les broussailles au bas du talus. Ils avaient peur que le train ne heurte Kolia et que celui, dans ce pari quelque peu stupide, meurt. Ils seraient alors accusés d’avoir poussé Kolia à accomplir ce geste puis arrêtés. Ensuite, la police les interrogerait, les mettrait en garde-à-vue, ils seraient humiliés par diverses personnes qui les auraient questionnés et la honte retomberait sur leur famille. Ils seraient entendus par le juge des enfants, ils seraient accusés puis envoyés en prison. Pourquoi risquer tout cela juste pour ne pas avoir accepté Kolia lorsqu’il est arrivé dans leur village ? Pourquoi l’avoir rejeté lorsqu’il a voulu faire partie de leur bande ? Pourquoi l’avoir traité ainsi jusqu’à maintenant ? Ils avaient bien conscience de leurs actes alors au fond d’eux, ils les regrettaient mais de toute façon pour eux, Kolia n’étaient pas capable de réaliser ce pari. Il se jetterait dans le fossé lorsque le train à vapeur arriverait. Ils n’avaient donc aucune raison d’être effrayés par ce pari !

Kolia, lui, avait un peu peur mais il pensait aux raisons qui le poussaient à réaliser ce défi. Lorsqu’il était arrivé dans ce village, les parieurs l’avaient rejeté car il était trop jeune, ils ne le trouvaient pas assez courageux et ils le traitaient de « gamin » et de « gosse ». Kolia était triste, il était nouveau et c’était la première fois qu’il les voyait et les joueurs au lieu de l’accepter, eux, l’avaient rejeté. Pour Kolia, ce pari était comme un duel, si il le réussissait peut-être que les parieurs l’accepteraient, peut-être le prendraient-ils comme une personne plus courageuse, peut-être ne le traiteraient –ils plus de « gosse » et de « gamin » ? Pour répondre à ces questions, Kolia devait réussir ce pari et épater les autres parieurs. Il était sûr qu’il pouvait le faire mais il était quand même inquiet : « et si j’avais mal calculé mon coup et que