Kuhn
Proposez un commentaire critique personnel et structuré de ce texte de Thomas Kuhn (maximum deux pages dactylographiées).
Pourquoi l’entreprise scientifique progresse-t-elle régulièrement alors que par exemple ni l’art, ni la théorie politique, ni la philosophie ne le font ? Pourquoi le bénéfice du progrès revient-il exclusivement aux activités que nous appelons sciences ? […]
Notons immédiatement qu’une partie de cette question relève entièrement de la sémantique. Dans une très large mesure, le terme « science » est réservé à des domaines où le progrès est évident. Rien ne le révèle aussi clairement que les discussions répétées sur telle ou telle science sociale contemporaine dont on se demande si elle est réellement une science. Ce genre de discussions a existé pour des spécialités que nous qualifions aujourd’hui sans hésitation de sciences, pendant la période de leur existence antérieure au premier paradigme. Le fond évident du problème dans ces discussions est d’arriver à définir ce terme irritant. Par exemple la psychologie, diront certains, est une science parce qu’elle possède telle et telle caractéristique. D’autres rétorquent que ces caractéristiques sont ou superflues ou insuffisantes pour qu’on puisse parler de science.
L’énergie dépensée dans ces débats, les passions qu’ils suscitent, étonnent souvent le spectateur extérieur. Une définition du mot « science » a-telle une si grande importance ? Une définition peut-elle assurer à quelqu’un qu’il est ou n’est pas un homme de science ? Et si c’est le cas, pourquoi les spécialistes des sciences de la nature ou les artistes ne se soucient-ils pas de la définition donnée à ce terme ? […]
Cependant, si c’est éclaircir le problème, ce n’est pas le résoudre que de reconnaître que nous avons tendance à considérer comme science tout domaine dans lequel le progrès est net. Il nous reste à comprendre pourquoi le