Illustration de couverture : Sébastien Camus
© Hachette Livre, 1995, 2001.
ISBN : 978-2-01-323237-1

En hommage aux bibliothécaires et aux documentalistes, pour leur remarquable travail auprès des jeunes, dans l’approche du livre-plaisir.

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« Guillaume ? »
Pas de réponse. Affalé sur sa table, la tête posée sur ses bras repliés, Guillaume dort comme un bébé.
« Guillaume ! Je te signale que tu ronfles ! »
Toute la classe éclate de rire, ce qui tire le ronfleur en question de sa somnolence. Il sursaute, ouvre les yeux, se redresse, regarde autour de lui d’un air stupide. Et se retrouve nez à nez avec M. Pennac, son prof de français.
« Je vois avec plaisir que tu reviens parmi nous », commente ce dernier, le sourire moqueur.
Puis, s’adressant aux autres :
« Si nous demandions à ce jeune homme, qui s’est sûrement couché trop tard hier, de nous raconter les rêves qu’il vient de faire ? Je suis sûr que c’est très intéressant ! »
Brouhaha approbateur. Les élèves de cinquième apprécient, de toute évidence, l’humour narquois de leur professeur. 5/186

« Mais... monsieur..., bredouille l’intéressé.
— Il n’y a pas de “mais” ! Monte sur l’estrade et vasy, nous t’écoutons. »
En somnambule, Guillaume obéit. Ses idées ne sont pas très nettes. Des points lumineux − résidus des images imprimées par le sommeil sur sa rétine − brouillent encore sa vue, et il a la bouche pâteuse.
« Ça comptera pour tes points d’expression orale ! précise M. Pennac.
— Moi, ma grand-mère, elle a le don d’expliquer les rêves ! glisse Naïma à Laurence, sa voisine. Et même, elle peut prédire l’avenir !
— J’y crois pas, c’est de la blague ! » répond
Laurence, péremptoire.
Naïma hausse les épaules et se renfrogne.
Debout devant le tableau noir, Guillaume tangue d’un pied sur l’autre. Il est vraiment très mal à l’aise.
Tous ces visages levés vers lui, à l’affût de ses paroles, lui donnent le vertige. Oh, le face-à-face angoissant du conférencier avec son