La bête humaine vue par jean renoir
Produit par Robert Hakim et réalisé par Jean Renoir en 1937, à la demande de Jean Gabin, La Bête humaine prend certaines libertés avec Zola, que Renoir a déjà adapté (Nana), en transposant le récit à l'époque contemporaine. Peu de temps après le début du film, Jacques Lantier rend visite à sa marraine et retrouve sa cousine Flore (Blanchette Brunoy) dans les champs. La séquence révèle les pulsions d’homicide de Lantier, la fêlure héréditaire de la tante Dide, des Rougon-Maquart contre lesquelles il lutte.
Quels sont les choix de Renoir dans la retranscription cinématographique ?
De cette tragédie naturaliste, Renoir essaie de tirer une œuvre quasiment musicale, une symphonie en noir et blanc. La séquence étudiée est découpé en trois temps : Lantier poursuit Flore qui se refuse tout d’abord a lui, ensuite il tente de la tuer dans un coup de folie, la tragédie est annoncé.
Flore et Jacques se rencontrent dans un paysage serein et bucolique mais la jeune fille fuit les avances de son cousin. Le décor change : des buissons encadrent Flore, elle ressemble à une bête traquées, pourtant tandis qu’elle gravit la colline pour aboutir au niveau de la voie ferrée, le rythme musical se précipite : Lantier le regard écarquillé, en s’avance vers la caméra. Est-ce simplement l’amour qui le motive à cet instant ou déjà la pulsion de tuer ? Zola décrit ainsi le comportement du jeune homme avec les femmes : « Mais ses yeux (…) s'étaient comme troublés d'une fumée rousse, qui les pâlissait. Les paupières battirent, les yeux se détournèrent, dans une gêne subite, un malaise allant jusqu'à la souffrance. Et tout le corps lui-même avait eu un mouvement instinctif de recul. ». Mais Jacques rejoint Flore et l’étreint. Elle s’agite et se débat mais la lutte est inégale et l’homme a le dessus. Le paysage a fait place à un horizon de rails et de fils électriques. Plan serré sur les bustes à terre. Flore rejette Jacques Or, par la musique d’abord, la tension dramatique