La campagne dans la princesse de clèves
9798 mots
40 pages
Ce roman, paru il y a plus de 300ans et écrit dans une langue épurée reflétant, l’esprit du siècle de Louis XIV, pourrait n’être qu’un objet de curiosité littéraire. Et pourtant, depuis sa parution, il n’a cessé d’être commenté, preuve de sa vitalité et de sa capacité à nous émouvoir et nous faire réfléchir devant ses personnages pris entre leurs sentiments et ce qu’ils estiment être leur devoir. Cette œuvre représente le coup d’éclat inaugural de la grande tradition française du roman d’analyse psychologique. Son auteur, Mme de Lafayette sait avec délicatesse, nous faire partager les émois d’un cœur adolescent qui apprend à mettre un nom sur ce qu’il ressent et qui tente désespérément de rester lucide et maître de lui, tout en se débattant dans les souffrances de la jalousie et du remords. Le célèbre roman de Mme de Lafayette est, pour l’essentiel, l’histoire d’une âme, celle de la Princesse de Clèves. Mais ce roman, ne se résume pas à cela, il apparaît également comme étant un roman historique, il garanti l ‘exactitude des évènements et des mœurs, qui reconstituent la pensée et le style d’une époque. A cet égard, le récit des deux dernières années du règne d’Henri II, du tournoi fatal et de la constitution de la nouvelle cour autour de François II décevra les amateurs du genre: les principaux évènements ne sont cités que comme des points de repères ; les batailles ou les traités ont une place secondaire par rapport aux fêtes; la politique n’est envisagée qu’en termes d’enjeux nobiliaires ou de stratégie amoureuse, les deux venant le plus souvent à se confondre; enfin, la peinture de la cour, au lieu d’être le document que l’on aurait pu attendre de celle-ci, est faîte de qualificatifs hyperboliques et interchangeables: le roi y est considéré avec la plus grande révérence; les princes et princesses du sang (une centaine peuvent être dénombrées) ne se distinguent que par leurs noms et leurs alliances, et tout ce grand monde, également beau et bien fait, pratique