La caricature dans la presse
Texte de la conférence donnée par Guillaume Doizy le 26 septembre 2008 à la BPI (Beaubourg), à l’occasion d’une après-midi de réflexion sur le thème : « Quel avenir pour le dessin de presse ».
Pour tout vous dire, je me demande encore si j’ai eu raison d’accepter de venir ici raconter l’Histoire du Dessin de presse. Evoquer l’œuvre de Daumier en trois quart d’heure serait déjà une gageure. Parler de l’Assiette au Beurre dans un temps si court, analyser plusieurs milliers de ses dessins et le travail de dizaines d’artistes ayant collaboré à la revue, relèverait du miracle. On pourrait écrire des livres entiers sur le dessin de presse des Années Folles. Et pourtant, je ne dois pas seulement parler d’un dessinateur, d’un journal ou encore d’une période. Je dois vous raconter deux siècles d’une production immense qui se chiffre en centaines de milliers, voire en millions d’images. Je dois vous décrire l’existence et l’évolution d’une pléthore d’organes de presse. Je dois mettre en lumière le travail de milliers de caricaturistes, sans parler du lectorat, des autres supports sur lesquels on trouve de l’image satirique, et encore en se limitant à la France et en faisant l’impasse sur les périodes qui précèdent la naissance de la presse moderne.
Alors bien sûr, je suis ici devant vous, et je vais m’y coller. Il me faudra parcourir cette histoire à grand pas, en fermant les yeux sur bien des richesses qu’elle recèle. Exercice périlleux.
Pour commencer, il me semble nécessaire de faire un peu de linguistique. L’expression « dessin de presse » apparaît semble-t-il pour la première fois en 1979 dans le titre d’un colloque organisé à Grenoble sur Daumier, et elle devient à la mode à partir des années 1990. Jusqu’alors, pour qualifier les images dont je dois faire ici l’histoire, on employait et on emploie encore les termes de caricature, de dessin d’humour, gai ou drôle, de dessin de mœurs, de charge ou de