La cgt face au gauchisme
« La CGT et les étudiants », La Vie ouvrière, 1968
La CGT face au gauchisme
Les organisations gauchistes, des trotskistes aux maoïstes, très implantées dans les milieux étudiants et parmi les intellectuels, suscitent la méfiance du Parti communiste et celle de la CGT. Le syndicat s’inquiète du discours radical déployé par quelques leaders du mouvement de mai et préfère s’en tenir aux revendications classiques : augmentation des salaires, durée du travail, droits syndicaux. Cette position est encore défendue, quelques jours avant le premier tour des élections législatives qui doit avoir lieu le 23 juin, dans un rapport présenté par Georges Séguy (né en 1927), secrétaire général de la CGT depuis l’année précédente, lors du comité confédéral national des 13 et 14juin.
Ce qui s’est passé, parmi les étudiants, et plus généralement dans le monde universitaire, nous a révélé à quel point était profonde, dans ces milieux, l’opposition à la politique gaulliste envers l’université et vive l’exigence de réforme démocratique et moderne de l’enseignement qui figure dans dans le programme de la CGT avec les questions de formation professionnelle comme l’un de nos objectifs fondamentaux. Ainsi, là aussi, les effets de la domination des monopoles, le sombre avenir qu’elle offre aux travailleurs manuels et intellectuels, à la jeunesse travailleuse et estudiantine ont engendré leur réaction contre le pouvoir gaulliste. De ce point de vue et compte tenu de notre propre action en faveur de la réforme de l’enseignement et de la formation professionnelle, il y a entre les étudiants, les enseignants et les travailleurs une solidarité objective non dépourvue de signification de classe dans la mesure où elle intervient comme un stimulant d’une action commune contre le pouvoir avilissant du grand capital. Cependant, alors que, dans la plupart des villes universitaires de province, le plus souvent tout s’est bien passé entre travailleurs