illustration frappante de l’inconscient collectif et de la contradiction entre risque subi et risque choisi. Intéressons-nous à la consommation de cigarettes. Supposons que, contrairement à toutes les données disponibles, nous ayons des cigarettes absolument inoffensives à tout point de vue. Ces cigarettes d’un nouveau type n’ont strictement aucun effet néfaste sur la santé, à part un seul petit inconvénient, en fait très rare mais dont il faut tout de même parler. Il se trouve que le procédé de fabrication est tel que tous les 20 000 paquets de cigarettes, il y en a un contenant une cigarette -une seule- un peu spéciale. Malheureusement spéciale. Il s’agit d’une cigarette explosive et sa puissance explosive est telle qu’elle vous arrache la tête. Prenons les choses du bon côté. Après tout, chaque paquet contient 20 cigarettes et il n’y a qu’un seul paquet sur 20 000 qui pose problème. Le risque est vraiment faible puisque un fumeur n’a donc en fait que 1 « chance » ( !) sur 400 000 de se faire exploser la tête. Le risque est vraiment faible, mais la transition de l’homme normal à l’homme décapité est -lorsqu’elle se produit- instantanée. Ce faible risque, mais à transition brusque, devrait amener beaucoup de fumeurs désirant garder leur tête sur les épaules à cesser de fumer. En France, environ 4 millions de paquets de cigarettes sont venus par jour. Ce qui signifie que, avec cette nouvelle technique de fabrication, nous aurions chaque jour, environ deux cents personnes qui se feraient exploser la tête. Soit un peu plus de soixante-dix mille par an. Quelle hécatombe ! direz-vous. Vous aurez raison puisque c’est beaucoup plus que le nombre de morts par accidents de la route. Et pourtant, ce serait nettement moins que le nombre réel de décès annuels dus à la cigarette puisque en France le tabac fait un peu pus de cent mille morts prématurées par an.
En d’autres termes, les fumeurs ne prendraient pas le risque de la cigarette explosive alors que la