La cite grecque
Une cité grecque, c’est à la fois un système politique, la communauté des citoyens, et, en dernier, l’espace sur lequel la souveraineté de cette communauté s’étend. Le territoire de la cité comprend l’agglomération principale, évidemment, mais également toutes les campagnes alentour et leurs villages.
C’est finalement ce dernier élément, l’aspect territorial, qui est le moins important. Un exemple, pour illustrer ce fait :
En 411 av. J.-C., alors que la guerre du Péloponnèse, qui oppose Athènes et sa ligue de Délos à Sparte et sa ligue du Péloponnèse, bat son plein (elle a débuté en 421, et se terminera en 404), Athènes est le théâtre d’un coup de force.
Les aristocrates de la cité, profitant de la démoralisation d’Athènes et de l’absence des citoyens les plus farouchement démocratiques, les rameurs de la flotte, cantonnés sur l’île de Samos, modifient les institutions pour les rendre oligarchiques (le tout dans la plus parfaite légalité, du moins sur le plan formel).
Pourquoi les rameurs sont-ils les plus attachés à la démocratie ? Tout simplement parce qu’ils sont les citoyens athéniens les plus pauvres. Ne pouvant pas se payer un équipement d’hoplite, et encore moins de cavalier, ils servent dans le principal instrument de la domination athénienne : sa flotte. La démocratie leur assure non seulement de pouvoir jouer un rôle dans les prises de décision de la cité, mais également de pouvoir être indemnisés quand ils le font, par le biais du misthos (que j'ai déja évoqué ici).
Les citoyens les plus riches ont toutefois sous-estimé cet attachement à la démocratie. Dès que la nouvelle du coup de force parvient à Samos, les soldats se soulèvent et se réunissent en assemblée. Ils destituent leurs stratèges, citoyens riches susceptibles d’éprouver des sympathies pour le régime oligarchique, et en élisent de nouveaux.
C’est ici que l’on voit que la cité grecque n’est pas un territoire : les soldats sont loin d’Athènes, loin des lieux