La concentration industrielle est-elle toujours un obstacle à la concurrence ?
Il y a là quelque chose d’apparemment paradoxal. Comment la concentration industrielle —processus au cours duquel la taille des unités de production ( ́établissement, société, groupe) s’accroît et le poids relatif des unités les plus importantes s’accentue—, qui est souvent associée à une logique d’extension du pouvoir des entreprises, peut-elle aller de paire avec une exacerbation de la concurrence, cette dernière désignant au sens courant la rivalité, la compétition entre plusieurs offreurs d’un même bien, le pouvoir de chaque offreur étant limité par le fait même de cette concurrence ? Nous ́étudierons dans quelle mesure il est possible de résoudre ce paradoxe en essayant de répondre à la question suivante : la concentration industrielle est-elle un obstacle à la concurrence ?
Nous verrons que la concentration industrielle tend à écarter le marché du modèle pur que représente la concurrence parfaite et que l’histoire du capitalisme industriel est effectivement marquée par la volonté de nombreuses entreprises de mener les marchés loin de ce modèle. Toutefois, la concurrence peut s’avérer très vive même lorsqu’elle est imparfaite et ce sont les caractéristiques spécifiques des différents marchés qui déterminent l’intensité de la concurrence.
I)Concentration industrielle et concurrence parfaite
A) De la concurrence parfaite aux oligopoles et au monopole
Une des conditions pour avoir une concurrence parfaite est l’atomicité. Du côté de l’offre, cette hypothèse suppose que les entreprises présentes sur le marché ont un pou-