La condition humaine de magritte
Où est le réel, Celui auquel Magritte fait sans cesse référence, allant jusqu’à dire que le peintre, comme il le conçoit, n’a besoin que de reproduire la réalité ? Le tableau est une réalité en soi, une « chose ». Ce qu’il représente en est une autre. Une distinction est faite entre image et réalité, d’une certaine manière, si du moins le peintre peint précisément le réel. Et si l’un et l’autre, le tableau et le réel, s’imbriquaient pour ne faire qu’un ?
C’est le propos de La Condition Humaine comme d’autres, tel que L’Appel des cimes, ou encore comme ces deux versions, tout à fait différentes sauf sur ce point, de La Belle Captive. Magritte a en effet beaucoup peint sur ce style de « tableau dans le tableau ».
En soit, la composition du tableau est simple, une fenêtre accompagnée de rideaux de velours devant laquelle on voit un paysage d’automne assez classique, avec un chemin de terre au premier plan, et derrière un arbre et quelques arbustes. L’un des procédés originaux de ce tableau consiste à superposer un tableau situé dans une pièce et la vue d’un paysage réel que l’on voit par la fenêtre. Ainsi, par la continuité entre l’image du tableau et le paysage qui l’entoure, le tableau est donc relié en continu avec ce paysage. Cependant, le peintre brouille les cartes de l’entendement habituel, ici encore, mais de tout autre façon qu’ailleurs. Le paysage, par la fenêtre, devant lequel un chevalet est posé, supportant une toile, est-il vraiment « réel » ? Une toile translucide ? Ou bien sur laquelle est déjà peint un détail du paysage ? Ou bien cet étrange « tableau dans le tableau » est-il « objet dans l’objet », seulement ? L’ambiguïté magritienne n’a peut-être jamais atteint ce paroxysme !
La manière « dont nous voyons le monde » comme la notamment fait remarquer Magritte en parlant de son œuvre, correspond à l’ambiguïté qu’il pratiqua lui-même lorsqu’il fit voir au spectateur en