Aristote parlant de la vérité affirmait qu’elle est le fait de « dire que ce qui est, est » . Ces paroles indiquaient à souhait la double polarité existant dans le processus de la vérité. Bipolarité représentée d’un côté par le terme « dire » qui implique une mise en marche de l’intellect, et d’un autre côté par le terme « est » qui implique l’existence d’une réalité extérieure à l’intellect. Cette conception de la vérité sera confirmé par l’Aquiniste Saint Thomas qui, en définissant la vérité comme « adaequatio intellectus et rei » (adéquation de l’intellect à la chose), soulignait si besoin était encore l’existence de deux termes dans le processus de la vérité : l’intellect et la chose, et même l’existence d’un troisième terme : la relation de conformité ou d’adéquation qui s’établit entre les deux premiers termes. D’où le problème qui s’impose à notre réflexion: celui de l’indispensabilité de cette relation dans la vérité. Autrement dit, peut-on se passer de la conformité dans la vérité ? La réponse à cette question, ou mieux sa vérité, passera à n’en point douter par un examen minutieux des termes du rapport que sont d’une part l’intellect et la chose et d’autre part la relation qui les lie.
I – LA VERITE COMME CONFORMITE DE L’INTELLECT…
Parler de la vérité comme relation implique deux éléments entre lesquels s’accomplit cette relation. Dans le présent point qui est l’examen de l’un des termes qui est l’intellect, il est nécessaire de souligner de prime abord que la vérité, qui est ici celle de la connaissance (veritas in cognoscendo), implique la conformité de cet intellect avec la réalité qui lui est extérieure et qu’il atteint par un processus réflexif. Car l’intellect, animé déjà par un dynamisme intérieur, porte déjà en lui-même une certaine forme de connaissance qui n’est encore ni vraie ni fausse. Ce dynamisme se manifeste dans l’entendement et le raisonnement. En effet, l’intellect produit des concepts et les relie pour établir des jugements. Ces