La conscience isole-t-elle l'homme du monde ?
Dans un premier temps, la conscience nous donne un monde, nous en permet l'accès, nous manifestant comme pris dans ce monde de manière naturelle, immédiate. Cependant, le côté psychologique même de la conscience montre une différence de nature possible avec le monde, traduite par nos possibilités d'introspection, de réflexion, et d’extériorisation qui appréhendent le monde sans pour autant s'y impliquer de façon matérielle. Dès lors, comment concilier ce sentiment d'appartenance au monde qu’apporte la conscience à cette nature qui apparaît comme différente de la l’aspect concret du monde ? Serait-ce que la séparation est le mode même de relation que la conscience installe entre le sujet et son monde ? Deux hypothèses sont possibles ; soit la conscience est vue comme provenant du monde, soit elle peut s’en abstraire.
A chaque fois que je pense, je pense bien à quelque chose. Cela signifie que le «Je» (la conscience) vise toujours autre chose qu'elle-même. La conscience n'est jamais enfermée sur elle-même, car elle a toujours comme objectif de se déplacer vers autre chose, vers un autre objet extérieur. Si la conscience est toujours en mouvement vers autre chose, on peut donc affirmer que toute activité mentale est toujours dirigée vers autre chose qu'elle-même. On ne peut plus, comme voulait nous faire penser Descartes, assimiler la conscience à une chose ou à une intériorité.
Ce qui différencie donc la conscience de toutes les choses, de tous les objets (qui sont ce qu'ils sont) c'est son caractère dynamique, qui fait qu'elle existe seulement par rapport à autre chose. La pensée porte toujours un rapport au monde. Etre conscient, c'est d'abord être présent au monde.
Sartre utilise cette formule : «Connaître, c'est s'éclater vers, s'arracher à la moite intimité gastrique pour filer là-bas, par delà soi, vers ce qui n'est pas soi, là-bas près de l'arbre, et cependant hors de lui.»
La pensée est décrite ici