La conscience, l'inconscience
Introduction
Les termes « conscience » et « inconscience » ont souvent dans le langage courant une connotation éthique ou une désignation morale (c’est-à-dire relative à l’idée de bon et de mauvais ou de bien et de mal) : « Il est complètement inconscient » dit-on, ce qui veut dire « il ne sait pas ce qu’il fait, il ne mesure pas la gravité - les conséquences néfastes - de sa conduite. » Songeons aussi à l’expression de Rabelais : « Science sans conscience [c’est-à-dire science sans sagesse, sans discernement moral] n’est que ruine de l’âme », ainsi qu’à : « Agir en son âme et conscience », « Avoir sa conscience pour soi », « Avoir la conscience tranquille ».
Mais la philosophie moderne et contemporaine a tendance à prendre le terme « conscience » dans un sens plus restreint : être conscient, c’est avoir ce recul par rapport à soi-même qui permet de savoir, au moment où l’on vit ou fait quelque chose, qu’on le vit ou le fait.
En quoi consiste précisément cette faculté de prise de recul par rapport à soi même ? Quelle particularité donne-t-elle à la condition humaine ?
1 La conscience morale
1.1 La conscience est toujours implicitement morale
« Il ne faut pas confondre conscience psychologique (« perdre ou reprendre conscience ») et conscience morale (« avoir mauvaise conscience »). Mais si le même mot désigne ces deux notions, c’est peut-être qu’elles sont profondément inséparables : « La conscience est toujours implicitement morale ; et l’immoralité consiste toujours à ne point vouloir penser qu’on pense, et à ajourner le jugement intérieur. On nomme bien inconscients ceux qui ne se posent aucune question à eux-mêmes. » (Alain, Définitions)
1.2 D’où vient la conscience morale ?
On peut éprouver en nous la présence d’une sorte de juge, dans des expériences comme celles de la mauvaise conscience, du remords, ou au contraire dans le sentiment de n’avoir rien à se reprocher. La conscience morale est cette « voix »,