La consommation des épices au moyen-age
En fait, ce rôle des épices participe d’une évolution plus générale. Jusqu’alors la société féodale était restée dans l’ensemble une société rurale arriérée. Les châteaux n’étaient que de grandes fermes fortifiées ; le mode de vie du chevalier ne se distinguait guère de celui du paysan ; seigneurs et serfs se vêtaient des mêmes étoffes et mangeaient les mêmes plats. La distance sociale et donc culturelle entre eux était faible. Mais cette situation va évoluer lentement au cours des siècles. Peu à peu les seigneurs vont s’efforcer de prendre leurs distances, dans leur style de vie, par rapport aux couches inférieures de la société, ce qui se traduira par une mise au ban de tout ce qui est « vilain » au sens de plébéien. Le raffinement des manières et des objets de la vie quotidienne constitue un des moyens les plus efficaces pour creuser cet écart.
Dans le Moyen Age finissant, la demande atteint des proportions encore inconnues. Le cercle des consommateurs s’est élargi. La bourgeoisie urbaine enrichie imite le déploiement ostentatoire de la noblesse. De plus en plus de gens ont envie de somptueux vêtements exotiques et de mets fortement épicés : ainsi s’annonce l’aube des temps modernes.
Or le commerce des épices va révéler progressivement son