La construction européenne
Perte de sens de l’entreprise européenne
Le problème de la continuation de la construction de l’Union Européenne ne peut être dissocié de ceux posés par la crise financière et par la dépression économique mondiale qui en est le résultat. Ceci signifie qu’il est impossible de proposer un projet européen sans tenir compte du niveau mondial, c’est-à-dire du projet de société qui puisse être considéré comme possible et souhaitable. En fait nous sommes aujourd’hui en présence d’une crise dans la construction de l’Europe d’une ampleur et d’une gravité exceptionnelle, parce que la confusion intellectuelle la plus totale règne au sujet de l’avenir de la société planétaire. L’entreprise de la construction européenne a perdu aujourd’hui son sens originel. Les chances de le retrouver paraissent minces. La définition d’une stratégie capable de surmonter les obstacles exige de reconsidérer la perspective historique dans laquelle nous nous situons. Perspective de l’histoire et dérive idéologique. Il n’est pas surprenant qu’une entreprise d’une telle ampleur n’ait pu être maîtrisée d’entrée de jeu. Des progrès importants ont été faits pendant les 30 premières années, de 1950 jusqu’en 1980, sous l’inspiration de la génération fondatrice de Jean Monnet, de Robert Schumann, d’Adenauer et de quelques autres hommes d’État. La création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier a fait franchir, à la France, à l’Allemagne et à 4 autres pays le premier pas vers l’acceptation d’un premier degré de supranationalité1. En dépit de tous les obstacles psychologiques et politiques, la marche difficile, cahotante, irrégulière, mais persévérante et constante, vers l’établissement d’une Union Européenne a combiné l’élargissement du nombre des membres et l’approfondissement de leur coopération. On est passé de l’Europe des 6 à celle des 9 en 1973 par l’adhésion du Royaume-Uni,