La coscience est elle un guide ou un temoin?
Œuvre complexe et inachevée, elle est, selon Aron, un « monument baroque ». Elle s’inscrit dans le dialogue, ouvert par Question de méthode en 1957, avec la pensée marxiste : dans ce dernier ouvrage, Sartre se demandait comment constituer une anthropologie structurelle et historique, qui ne sacrifie pas la concrétude de l’objet étudié à un système figé de concepts. Il soulignait alors que seule l’anthropologie marxiste pouvait valoir, mais à condition qu’elle se fonde sur la compréhension de l’humain que donne l’existentialisme. Toutefois, si le matérialisme historique de Marx est vrai, c’est que l’histoire est dialectique, bref qu’elle est une totalisation : mais y a-t-il une Raison dialectique ? Ou bien la rationalité positiviste des sciences suffit-elle pour étudier l’homme ? Ce sont là les questions fondamentales que se pose le tome I de la Critique de la raison dialectique.
| |[pic][|2.|DE LA PRAXIS INDIVIDUELLE AU COLLECTIF SÉRIEL |
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Dans l’introduction à la Critique de la raison dialectique, Sartre précise la méthode qu’il emploiera pour établir l’existence de la raison dialectique : il ne s’agit pas de la postuler a priori, comme le fait Hegel, mais de la découvrir dans une expérience dialectique, qui partira de la praxis individuelle pour aboutir à cette « totalisation sans totalisateur » que constitue l’histoire. Il s’agit donc bien d’une méthode critique, semblable à celle qu’utilise Kant, et qui s’oppose à tout dogmatisme, qu’il s’agisse du dogmatisme hégélien ou du dogmatisme de la dialectique de la Nature, qui extrapole aux phénomènes naturels la structure dialectique de l’action humaine, c’est-à-dire de la