la crise de l'esprit
Elle relève du genre de l'essai : comme tout texte argumentatif, cet extrait défend une thèse : ici l’auteur affirme la fragilité des civilisations. L’écrit de Valéry montre que la guerre fut pour lui une leçon quant à la mortalité des civilisations qui, loin d’être éternelles, sont plutôt des constructions fragiles, colosses au pied d’argile dont la chute se laisse présager par certains signes de désordre, d’affaiblissements et de capitulations.
Nous pouvons nous poser comme question : Quelle est le rapport entre la Guerre et cette Crise spirituelle ?
Dans un premier temps, nous analyserons la science au service de la guerre puis la Crise Européenne : une crise surtout intellectuelle.
« La crise de l’esprit » est caractéristique de la forme et de l’esprit de nombreux textes de cette époque, de la plume d’intellectuels nés entre 1870 et 1895 — une génération pour laquelle la Grande Guerre, en France comme en Allemagne, fut une expérience capitale.
C’est en ce sens que Valéry remarque qu’avec la guerre de 1914-1918, la science et la puissance technique de l’Europe ont montré leur revers : elles présentent de véritables dangers non pas tant pour les individus isolés, mais plutôt pour les collectivités, pour les civilisations mêmes. La science peut servir l’horreur : la Grande Guerre en est la preuve. Lucide, Valéry écrit : « Tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes, dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps; mais il a fallu non moins de qualités morales.» Cette situation de désordre est le moment pour l’Europe d’une prise de conscience vécue dans l’angoisse, qui