La crise de l’Etat Nation
La crise de l’Etat Nation
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La crise des banlieues qu’a traversée la France en 2005 tout comme les manifestations étudiantes du Printemps 2006 ne sont pas des événements isolés dans une Europe qui semble en proie à une crise de ses identités nationales. Le temps des passions nationalistes et du Gaullisme d’après-guerre qui avaient mené à la création de l’Etat-Providence et du «modèle social à la Française» est aujourd’hui révolu. Il semble plutôt que les Etats-Nations des pays occidentaux peinent à rassembler leurs membres autour d’une culture commune créatrice d’identité collective et d’intégration sociale. Alors l’Etat-Nation est-il en crise ? Par Etat-Nation il faut ici comprendre non seulement l’Etat, en tant qu’institution détentrice du monopole de la violence légale et qui crée l’ordre social par la loi (Max Weber), l’instance de représentation de la communauté nationale, mais aussi tous les individus citoyens et les organisations qui composent cette dernière. En un mot l’Etat-Nation est non seulement corps politique mais aussi regroupement d’individus qui partagent la même «nationalité», et d’entreprises nationales localisées ou non sur le territoire intérieur. Parler de «crise» de l’Etat-Nation semble problématique au regard du lexique économique : faut-il voir dans ce terme une assimilation à la théorie des cycles où la crise est un «phénomène pathologique dans un processus physiologique normal» (Schumpeter), un point critique récurrent entre une phase d’expansion et une phase de dépression ? Ou bien faut-il plutôt voir dans cette notion de crise un phénomène durable qui annoncerait la fin de l’EtatNation ? La question de la crise de l’Etat-Nation interroge donc non seulement sur la place des Etats nationaux dans les économies mondialisées, mais aussi sur les structures productrices de liens sociaux et économiques garantes du bon fonctionnement des sociétés. Alors en quoi les