La crise est devant nous.
Pourquoi nous sommes stratégiquement dans une meilleure position que notre voisin allemand du fait de notre apparente faiblesse…
Jacques SAPIR
Directeur d’études à l’EHESS-Paris
Lundi 14 février 2011
La crise de la zone Euro connaît une trêve, qui devrait durer jusqu’en mars-avril 2011. Cette dernière est propice à des déclarations triomphalistes.
Cependant, non seulement aucun des problèmes fondamentaux n’est résolu, mais les solutions partielles proposées[1], et présentées comme une avancée historique vers une Europe fédérale, posent bien plus de problèmes qu’elles n’en résolvent.
La crise de l’Euro est notre horizon, et elle pourrait être bien plus proche qu’on le croit en règle générale.
0. L’Euro, une solution ou un problème ?
L’Euro s’avère aujourd’hui un véritable problème pour la croissance des pays qui la composent. Ceci devient de plus en plus évident avec les différents plans d’ajustement budgétaire mis en place à travers la zone. De fait, les propositions franco-allemandes du sommet européen du 4 février vont toutes dans le même sens : pénaliser la consommation, durcir le cadre social et enlever aux États un peu plus de souveraineté. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux gouvernements aient violemment protesté.
Le sommet européen de mars 2011 devrait connaître une nouvelle étape dans cet affrontement et voir soit l’accord vidé de sa substance soit une profonde rupture entre les pays de la zone Euro. Soyons en sur, la spéculation reprendra à la fin du printemps. Les effets cumulatifs des politiques d’ajustement budgétaire se feront sentir au second semestre 2011 et nous entamerons l’année 2012 dans une crise renouvelée de la zone Euro, mais où cette fois toutes les munitions auront été tirées et où la crédibilité des gouvernements sera largement érodée. D’ores et déjà les divergences commencent à monter[2].
L’Euro concentre donc sur lui la totalité des contradictions qui sont nées de la