La croissance et ses limites
À l'époque du rapport, la croissance démographique s’accélérait d’une année sur l’autre. Au XVIIe siècle, la population mondiale était de 500 millions d’âmes et croissait de 0,3 % par an, soit un doublement tous les 250 ans. Mais au début des années 1970, elle a atteint 3,6 milliards d’habitants et double tous les 32 ans. On peut donc s’attendre à avoir une population de plus de 12 milliards d’individus au milieu du XXIe siècle.
Mais la croissance économique mondiale est encore plus rapide que la croissance démographique. La production industrielle a cru d’environ 7 % par an au cours des années 1960, ce qui correspondait à un doublement tous les 10 ans[3]. Cette croissance est par ailleurs très inéquitablement répartie et se concentre dans les pays développés, accroissant ainsi les disparités de développement : « les riches s’enrichissent et les pauvres font des enfants ».
Mais cette croissance n’est pas sans risques. Au plan démographique, les ressources alimentaires sont limitées. Si la loi des rendements décroissants s'applique, la mise en culture de nouvelles terres sera non seulement plus coûteuse mais aussi moins profitable au fur et à mesure que les besoins alimentaires s’accroîtront. L’accroissement des rendements agricoles ne fera que retarder la disette qui s’annonce, à laquelle risque de s’ajouter les problèmes d’approvisionnement en eau potable[4].
Au plan économique, les ressources énergétiques telles que le pétrole ou le gaz ne seraient pas suffisantes pour assurer la pérennité d’une croissance exponentielle. Ici encore, les progrès scientifiques ne sont susceptibles que de retarder l’échéance de la pénurie. On peut à l’avance prévoir que la croissance sera dans le siècle à venir handicapée par le prix prohibitif des prix des ressources naturelles[5]. De plus la croissance est à l'origine d’une très forte pollution[6] qui avec elle connaît une croissance exponentielle ; or il est évident que la planète ne peut