La création
Le créateur est celui qui parvient à se faire monde, à être soi-même en tant qu’homme tout en étant plus que ce qu’il est. Le créateur est plus que lui-même. Il détient quelque chose en plus qui le fait différent. Goethe nous invite à réfléchir sur la notion de « ditcher », en affirmant que le créateur ne l’est pas lorsqu’il n’exprime que ses « quelques sentiments personnels », mais qu’il en détient l’essence à partir du moment où « il sait faire sien le monde et qu’il sait l’exprimer. » D’après Goethe, une « nature subjective » ne fait qu’épuiser son « petit Moi intime et finit par sombrer dans le maniérisme », alors que le créateur « est toujours capable de se réinventer. » L’homme qui n’exprimerait que son essence ne créerait rien, mais tomberait dans le maniérisme, c'est-à-dire le narcissisme. L’être se complairait dans sa propre essence, sans chercher à en sortir. Le créateur serait donc celui qui tout en restant lui-même par essence, se projetterai hors de lui-même pour saisir le monde, monde qu’il transformerait par l’acte du faire. La pure subjectivité serait dépourvue de toute source de création, cette dernière devant s’ouvrir à elle-même pour atteindre l’objectivité du monde. Goethe s’interroge sur la nature de l’être, sur l’essence en personne. Il part du principe que l’essence ne contient rien, mais que l’essence muée en autre chose qu’elle-même par l’acte du « faire monde » est créatrice. Tout le problème consiste donc à se demander si l’essence en tant qu’essence se présente comme essentiellement dépourvue de toute expression