La dame de carreau paul eluard
L'amour absolu et pur ne pouvait être mieux mis en relief que par l'utilisation du syllogisme, cette forme impeccable de raisonnement. C'est un rêve éveillé sans préciser s'il s'agit du jour ou de la nuit. Mais c'est la lumière de l'amour qui l'éblouit par son intensité et il en garde assez pour voir en lui les images de ses rêves "elle passe ses bras autour de mon cou", "Ailleurs, elle me quitte. Elle monte sur un bateau", "Nous sommes presque étrangers l'un à l'autre, mais sa jeunesse est si grande que son baiser ne me surprend point". Éluard reste fidèle à la fonction idéalisante du rêve, un rêve qui ne se borne pas à reproduire du souvenir mais à nous montrer ce que nous souhaitons, ce que nous désirons de plus. Nous sommes à ce stade très loin des théories freudiennes des rêves nocturnes consistant à fabriquer très intellectuellement, de grandes constructions arbitraires sur leur signification. Eluard assimile l'amour à la faim et à la soif, jamais rassasié, il recherche l'amour absolu, l'amour sans limite, une sorte de délire perpétuel dans lequel les amants ont tout à se dire. Cet amour absolu qu'il n'a pas découvert et qu'il recherche, notre poème a cependant bien cru le ramener au grand jour mais il n'a pas réussi. L'originalité du texte de " La dame de carreau" c'est d'être une écriture vraie, sincère, sans formules ou images travaillées, étranges, sans correspondances. Éluard nous dit avec beaucoup de vérité sa propre sensibilité, "Tout jeune, j'ai ouvert mes bras à la pureté. Ce ne fut qu'un battement d'ailes au ciel de mon éternité, qu'un battement de cœur amoureux qui bat dans les poitrines conquises. Je ne pouvais plus tomber. Aimant l'amour". Éluard a renouvelé toute sa vie l'émerveillement du souvenir du premier amour d'adolescent, et a toujours trouvé le pouvoir de recommencer presque avec naïveté ce qui normalement ne se reproduit jamais deux fois. Eluard a su garder, toute sa vie, malgré ses échecs amoureux, une