LA DIASPORA ARMENIENNE V2
M2 - Expertise en population et développement
UE Migration
Julien SCHMUCK
Le terme de diaspora n’a longtemps été utilisé que pour évoquer la dispersion des Juifs hors de Palestine à partir de l’Antiquité. Ce n’est que dans le courant du XXème siècle qu’elle est apparue comme une notion applicable à d’autres peuples. Si on retrouve la notion dès 1905 chez Elisée Reclus qui, dans L’homme et la Terre, étudie les Juifs, les Grecs et les Arméniens vivant hors du cadre de l’Etat-nation, le terme diaspora en revanche, n’est alors pas utilisé. Il semblerait que ce soit R. Bastide qui, le premier, parle de diaspora arménienne lors de son étude ethnographique de la communauté arménienne de Valence (1931). Mais il utilise le terme sans chercher à le conceptualiser. Selon M. Bruneau, la première occurrence du terme diaspora en tant que notion semble être l’œuvre de Max Sorre qui en 1957, dans les Rencontres de la géographie et de la sociologie, considère que le terme peut-être élargi à d’autre que les Juifs. Il cite notamment les Arméniens, qui connaîtraient aussi le phénomène, mais dans une moindre mesure. C’est à partir des années 80 que la notion de diaspora sera discutée, notamment avec Pierre George, en 1984. Dans Géopolitique des minorités, il établit une définition, basée sur le modèle juif et élargie aux Arméniens, aux Libanais et aux Chinois : c’est une « dispersion alimentée par des exodes successifs, d’une entité culturelle solidement constituée préalablement à son essaimage ». Cette dispersion s’effectue à partir d’un foyer de départ qui permet une identité ethnoculturelle commune, « s’exprimant par une communauté de croyance, de langue, de mode de vie, procédant d’une source territoriale et d’une histoire localisée dans un espace de référence qui est dans l’idéologie de l’ensemble, la patrie commune, la paradis perdu ».
Dès l’apparition du concept de diaspora, les Arméniens sont reconnus en tant que telle, du fait des