La discussion philosophique
Pour tout jeu, pour toute pratique, comme pour tout exercice, des règles sont à installer, des règles qui impliquent des exigences et des contraintes spécifiques, règles qui pour cela font appel à des compétences spécifiques. Un jeu n'est pas un simple défoulement : il met au défi au travers de règles. Règles qu'il s'agit d'articuler, de proposer, de définir, de faire comprendre, d'utiliser, d'imposer, sans oublier de les revoir en permanence. En effet, les règles ne valent que ce qu'elles valent, n'accomplissent que ce qu'elles accomplissent, et rien d'autre. Ainsi, selon les circonstances, selon les individus, selon les exigences du moment, selon l'usure et bien d'autres paramètres, les règles seront préférablement revues, renouvelées, adaptées, rectifiées, assouplies, abandonnées, etc. En outre, les règles peuvent - ou doivent - faire partie intégrante de la discussion : elles feront périodiquement l'objet d'un débat, débat sur le débat, élément essentiel de la perspective réflexive et dialectique que nous privilégions ici. Car non seulement le règles varient, mais d'un " animateur " à l'autre, qu'il soit enseignant ou élève, des règles semblables prennent une toute autre tournure, de par la rigueur de leur application, de par l'emphase donnée à certains aspects plutôt qu'à d'autres.
N'oublions pas que les règles ont un contenu : elles orientent le fonctionnement de l'élève et sa pensée dans un sens plutôt que dans un autre, elles tentent de pallier une difficulté plutôt qu'une autre. Ainsi, si des élèves ont du mal à s'exprimer, par timidité, à cause d'un contexte de classe difficile ou par un quelconque handicap langagier, l'accent sera plus naturellement porté sur la simple opération d'articuler des idées que sur la capacité d'abstraction ou d'explication. L'affirmation sera privilégiée par rapport au questionnement, et de fait l'enseignant se réservera par défaut le rôle de l'interrogation. De même pour la conceptualisation ou la