Introduction En l’espace de seulement quelques décennies, la Chine a su s’imposer comme la deuxième puissance économique mondiale. Conséquence de cette spectaculaire ascension, Pékin, la capitale, s’est engagée sur la voie d’une légitime modernisation. Elle est actuellement en pleine mutation architecturale et serait probablement assez méconnaissable pour qui n’y serait pas allé depuis seulement quinze ans. Cependant, à l’image des capitales européennes, Pékin est une ville dont l’histoire remonte à très loin et une telle modernisation n’est pas sans effet sur ses anciens quartiers. En effet, les « hutongs », qui incarnent l’identité architecturale du cœur de la ville depuis environ 700 ans, sont détruits les uns après les autres au profit des gratte-ciels qui sont construits à leur place. Avec eux, c’est tout un pan de patrimoine qui est menacé. Par ce terme, on ne désigne pas seulement les maisons en tant qu’objet mais également le mode de vie et la mémoire de ses habitants. Malgré tout, ces destructions ne manquent pas de provoquer de nombreuses réactions hostiles au point que les autorités elles-mêmes ont mis en place des mesures de protection. Au-delà du paradoxe apparent, peut-on espérer trouver un juste équilibre entre la préservation d’un patrimoine culturel significatif et la nécessaire modernisation d’une ville mondiale ? Pour tenter de répondre au mieux à cette question, j’ai choisi d’organiser ma réflexion selon trois axes. Tout d’abord, nous étudierons l’évolution des « hutongs » depuis leur création jusqu’à aujourd’hui. Ensuite, nous prendrons la mesure de la mutation architecturale telle qu’elle est en cours actuellement à Pékin. Enfin, une troisième et dernière partie portera sur la protection de ces quartiers traditionnels. Nous verrons que la situation est plus complexe qu’il n’y parait car les autorités chinoises doivent notamment prendre en compte une crise du logement qui est inhérente à toutes les villes de cette taille dans le monde.