La doctrine libérale française
L’histoire du libéralisme français au XIXe siècle est jalonnée de crises et de révolutions. Les libéraux, d’abord au pouvoir sous la Monarchie de Juillet, chassés en 1848 puis en opposition –nuancée- sous le Second Empire ; l’avènement de la IIIe République marque l’apparent triomphe d’un libéralisme qui sera longtemps et est peut-être toujours en quête d’une idéologie ne sacrifiant pas la liberté à l’exercice du gouvernement. Le libéralisme n’est pas incarné dans un corps de doctrine précis cependant. Les libéraux se rejoignent sur des valeurs communes comme la liberté individuelle de l’individu, ses droits et sa protection. Il semble donc assez clairement établi que l’état soit à la fois indispensable pour la garantie de la propriété privée, de la sécurité et la jouissance de ses citoyens mais qu’en même temps il soit un frein, une possible dérive vers une privation de libertés en vertu de son autorité certes souveraine (ou censitaire) mais supérieure. L’idéologie libérale est essentiellement confuse : confusion entre la bourgeoisie et le peuple, entre la Révolution et l’Empire, entre les libertés et la liberté, entre la politique et les bons sentiments. Ainsi se réalise entre la bourgeoisie et le prolétariat un accord précaire qui ne tarde pas à se rompre après la Révolution de 1830. La doctrine libérale française n’existe pas, elle est multiple, plus complexe encore elle s’incarne dans son temps et dans l’histoire. Le XIXe siècle a connu l’Empire, la Restauration, la Monarchie Constitutionnelle, la République, avant un retour à l’Empire et à nouveau la République. Il est donc excessivement difficile de pouvoir dresser un résumé de ce que furent les penseurs du libéralisme face à ce qu’ils voulaient de l’état. Nous nous contenterons donc de montrer que la doctrine libérale est, au premier abord une pensée en vertu d’une libéralisation du sujet : l’individu est désormais au cœur de la société l’état n’est là que pour