la déchéance dans le romain d'Alain Mabanckou
D’AFRIQUE NOIRE
Par
GUY BEAUDELAIRE TEGOMO
Thèse présentée au Département d’études françaises de l’Université Queen’s pour l’obtention du grade de Docteur en Philosophie
Queen’s University,
Kingston, Ontario, Canada
July, 2010
Copyright © Guy Beaudelaire Tegomo, 2010
Résumé
La fonction du cinéma telle qu’elle apparaît dans le roman d’Afrique noire francophone et plus particulièrement dans Maïmouna d’Abdoulaye Sadji, Les Bouts de bois de Dieu d’Ousmane Sembène, Rêves portatifs de Sylvain Bemba, Cinéma de Tierno Monénembo,
Le Pleurer-Rire d’Henri Lopes, et African psycho et Verre Cassé d’Alain Mabanckou, se traduit à travers les phénomènes d’aliénation, de dépersonnalisation et de corruption de l’imaginaire qui conduisent à la transmutation que subissent les cinéphiles. Par
« transmutation », nous entendons ce processus qui aboutit à l’expulsion de l’individualité de certains personnages en leur donnant un visage et des agissements autres. Cette transmutation se manifestera ainsi par une imagination débridée, par l’exaltation des fantasmes les plus extravagants et par la violence désormais inhérente aux personnages qui, de manière perverse, s’ingénient à reproduire dans leur univers social l’univers fictif des films qu’ils ont regardés et qui sont en total décalage avec leur environnement. Ainsi que nous essayons de le montrer à partir des auteurs comme Freud, Barthes, Michel
Foucault, Jean Bellemin-Noël, Christian Metz, Frantz Fanon, Achille Mbembe ou Paulin
Soumanou Vieiya, le changement radical de la personnalité de ces cinéphiles, pose dans les différentes œuvres de notre corpus, la question cruciale du rapport entre le factuel et le fictif ou, mieux, entre le vécu et le rêve. Ces personnages ne parvenant pas à établir la ligne de démarcation qui sépare le fait cinématographique de leurs illusions, le récit suggèrera une confusion entre le cinéma et la « réalité ». D’où une