) Les différentes formes de délocalisations Les définitions de la notion de délocalisation sont variables et plus ou moins réductrices suivant leurs auteurs. La complexité du sujet, ainsi que les intérêts en jeu, font qu'il peut être tentant de brouiller les pistes afin d'en mieux minorer l'impact négatif sur l'emploi. Il en est par exemple ainsi du rapport au Sénat de Francis Grignon [1][1] qui ne qualifie de délocalisation "que les mouvements d’entreprises conduisant à la substitution délibérée d’une production nationale par une production étrangère". L'emploi du mot "délibérée" introduit ici une limitation dont on ne voit pas bien ce qui pourrait la justifier. Il existe bien des "substitutions délibérées", mais il en est aussi qui ne le sont pas. Dans le secteur du textile, il y a bien eu des entreprises françaises qui, telle Biderman, ont délibérément délocalisé une partie de leur production. Seulement, il existe aussi d'autres entreprises qui ont dû réduire leur production, ou cesser leur activité. A leur production nationale s'est substituée une production étrangère qui n'a rien de délibérée, mais qui apparaît plutôt comme involontaire et contrainte. Ne s'intéresser qu'aux seules "substitutions délibérées" relève donc d'une approche restreinte, qui occulte une grande partie du phénomène et n'en permet guère une analyse approfondie. Il est vrai que l'objectif affiché du rapport de M. Grignon est de "démythifier" le phénomène des délocalisations, ce qui en langage libéral signifie tenter de minorer le problème posé par ce phénomène.
Les délocalisations sont un phénomène interférant avec divers éléments et mécanismes d'ordre économiques ou sociaux (commerce extérieur, concurrence internationale, restructurations d'entreprises, distribution de la valeur ajoutée, etc.), et dont les conséquences à venir sont susceptibles d'un important impact dans nos équilibres socio-économiques. Une étude de ce phénomène ne peut donc se contenter d'une approche réductrice,